Élu maire en 2020, Hervé Longy n’a pas eu besoin des six années de son mandat pour remplir sa promesse sur le bio, mais de six mois seulement !
Cet ancien directeur d’exploitation au lycée agricole de la ville de Naves, 2400 habitants, a mis en œuvre les mêmes méthodes que celles employées là-bas : « on m’a toujours dit que c’était trop cher, que ça ne fonctionnerait pas. Et nous sommes passés au bio en 1998 et au 100% bio en 2009 en travaillant avec les agriculteurs, en les accompagnant vers le mieux disant. Le changement s’est produit lorsque nous avons amené les produits au lycée, qui est doté d’un atelier de taille significative. Avec FORMA bio, nous avons déployé le plan EPA (enseigner produire autrement) et une fois que le pli est pris, on ne revient plus en arrière ».
Pour la ville, l’opération a donc permis de passer de 1,5% à 65% de bio dans les 180 repas quotidiens de la cantine en six mois seulement. Hervé Longy est allé voir tous les producteurs locaux qui ont soutenu sa démarche, ce d’autant qu’il s’est engagé à ne jamais négocier les prix avec eux « c’est un principe de base. Ils savent ce dont ils ont besoin pour vivre. On focalise sur le coût matière, mais c’est un faux débat, cela ne représente qu’une petite part du coût des repas, au milieu de la main d’œuvre, du transport et autres. Passer au bio a représenté un surcoût minime : de 1,70 euros à 1,88 euros par repas, c’est tout à fait supportable et nous avons trouvé les fonds en économisant sur l’éclairage nocturne, bien avant la guerre en Ukraine, c’est frappé au coin du bon sens ».
Au-delà de la vertu économique et environnementale avec les producteurs locaux, Hervé Longy identifie trois indicateurs clés du succès de la démarche : « d’abord, concernant le goût. Aucun instituteur ne mangeait à la cantine auparavant et ils y mangent tous désormais ! Ensuite, nous nous faisons gentiment disputer par des parents qui disent que leurs enfants ne veulent plus que du bio chez eux pour faire aussi bien qu’à la cantine : quand nous prévoyions 10 kilos de tomate naguère, nous passons à 15 kilos, car les mômes se resservent et ça c’est la plus belle des récompenses ! Et le dernier à profiter de la démarche, c’est le chef que nous avons embauché. Ça donne du sens à son métier : au lieu d’être dans une cantine ouvre-boîte dans laquelle il se contente de servir du sous-vide que les enfants touchent à peine, il pèle lui-même les patates pour faire des frites que les enfants s’arrachent ». A celles et ceux qui croient que passer leur cantine en bio prendra nécessairement des années et grèvera les comptes municipaux, allez faire un tour en Corrèze vous détromper pour la bonne cause !