8 % de surfaces en bio. Une stagnation en 2023 mais un doublement attendu dans les 3 ans. Si 22 % des vignes françaises sont en bio, en revanche les vignobles de vins de champagne sont bio pour 8 % des surfaces soit 2 600 hectares et 649 productrices et producteurs. 43 % de ces surfaces sont déjà certifiées, tandis que 57 % sont en conversion, la transition est donc en cours.
Les surfaces en vignes certifiées bio ont quasiment triplé entre le millésime 2016 et 2022 (+727 ha). On observe également un pic d’entrée en conversion en 2020 avec 704 nouveaux hectares. Depuis 2021 les surfaces totales en bio (certifiées et en conversion) stagnent autour de 2 700 ha. Les surfaces en vigne certifiées
bio devraient plus que doubler au cours des trois prochaines années.
Le champagne biologique
La filière compte 649 viticulteurs en bio. Le nombre de viticulteurs biologiques a connu une forte croissance entre 2019 et 2021, passant de 261 à 600 (+339 en 2 ans).
L’évolution est plus modérée sur les dernières années (+25 domaines en 2023).
Le Champagne bio est fortement commercialisé sur les marchés export où sont réalisées 62% des ventes en valeur tout particulièrement vers les États-Unis, le Japon et l’Italie. Une balance commerciale
excédentaire pour ce produit d’exception puisque le champagne bio est une AOP dont l’aire de production se situe uniquement en France.
AIRE DE PRODUCTION DU CHAMPAGNE
© Comité Champagne
Le vignoble champenois occupe un large territoire au nord-est du Bassin parisien sur les départements de l’Aisne, la Marne et l’Aube ainsi que sur quelques communes de Seine-et Marne et de Haute-Marne.
La plus grande partie du vignoble se concentre dans le département de la Marne (70 %), le reste pour 20 % dans l’Aube, la Haute Marne, et pour 10 % dans les départements de l’Aisne et de Seine-et-Marne.
Le saviez-vous ?
Champagne bio, sous deux signes d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO).
Le champagne bio est garanti par deux signes d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO) que sont l’Appellation d’Origine Protégée (AOP) et l’Agriculture Biologique.
- Le premier garantit l’origine de ce vin effervescent produit dans une aire géographique très précise et selon un savoir-faire
reconnu. - Le second un mode de production agricole et agroalimentaire qui exclut la chimie synthétique la catégorie des herbicides est totalement proscrite, les viticulteurs ne peuvent utiliser aucun pesticide ou fongicide synthétique, les additifs en vinification sont limités, les OGM sont exclus. Ces deux SIQO sont régis par des cahiers des charges européens distincts, mais complémentaires, et font l’objet de contrôles stricts à chaque stade par un organisme indépendant.
100% de raisins bio ne suffisent pas, le champagne bio se joue aussi dans le chai
Pour qu’un champagne soit certifié bio il faut non seulement 100 % de raisins cultivés en agriculture biologique mais aussi respecter des règles strictes de vinification bio. Ces règles de vinification bio interdisent certains procédés physiques de traitements des vins et autorisent uniquement une liste restreinte
d’additifs et auxiliaires d’origine naturelle.
« Save water, drink (organic) champagne!* »
La célèbre plaisanterie déclinée commercialement en t-shirts et autres goodies
pourrait s’avérer exacte si on précise « champagne bio » (ou organic).
Pourquoi l’Agence de l’Eau Seine Normandie accompagne t-elle la structuration de la filière du champagne biologique depuis 2019 ?
Parce que chaque parcelle convertie en champagne bio améliore la qualité des eaux environnantes.
Il n’y a pas de fatalité à la pollution des nappes souterraines et des cours d’eau champenois : la prévention est clef pour protéger l’eau et plus de bio dans les vignobles y contribue grandement.
Aujourd’hui dans les eaux de surface de la zone de production de l’AOC Champagne, au moins un pesticide
synthétique a été quantifié dans 100 % des stations de prélèvements étudiées. Les produits majoritairement
identifiés sont des herbicides et leurs métabolites (dimétachlore, bentazone, métazachlore, atrazine) et des
fongicides (boscalid) tous interdits en bio.
Concernant les eaux souterraines : 100 % des stations suivies présentent au moins une substance quantifiée, et de 38 à 71 pesticides sont quantifiés dans 10 % d’entre elles. En conséquence, 23 % des captages d’alimentation en eau potable marnais sont touchés par les pollutions diffuses, et 15 % à l’échelle de la région sur le bassin Seine-Normandie.
Parmi les solutions : développer la viticulture bio en Champagne ! Pour encourager les cultures à bas niveau
d’intrants, notamment dans les zones de captage d’eau,l’Agence de l’Eau Seine Normandie soutient la production labellisée bio.
Sont déployés et financés également par l’Agence de l’Eau, pour les viticulteurs ou les collectivités : l’accompagnement technique des exploitants et des animations sur le territoire permettant de faire émerger des projets ; la mise en place d’infrastructures d’hydraulique douce pour limiter.
le transfert comme des haies ou des bandes enherbées ; des investissements en matériels permettant la réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires. Depuis 2019, le projet « structuration et développement de
la filière du Champagne Bio » a été retenu lors de l’appel à manifestation d’intérêt « Filières favorables à la ressource en eau » porté par la Région Grand Est et les Agences de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse, Rhin-Meuse et Seine Normandie.
La première phase, s’échelonnant de 2019 à 2021, a largement atteint ses objectifs avec 357 nouvellesstructures engagées en agriculture biologique pour une surface de 1 610 ha de vignes converties. La seconde phase, allant de 2022 à 2024, cherche à accélérer le mouvement en développant les partenariats avec l’ensemble des acteurs de la filière. Aussi bien les acteurs agricoles comme Bio Grand Est, la Chambre d’Agriculture de la Marne, le Syndicat Général desVignerons, que les acteurs économiques tels que l’Association des Champagnes Bio
(ACB), l’Union Auboise, Terroirs et Vignerons (ex-union de coopératives Nicolas Feuillatte), ainsi que des distilleries comme Goyard et Bonvalet.
Les acteurs de l’eau comme la communauté d’Agglomération d’Epernay, la Communauté Urbaine du Grand Reims, l’Union des Syndicats d’eau du Sud de l’Aisne (USESA) ou encore le SDDEA de l’Aube sont bien sûr des partenaires clef. On le voit : un vaste ensemble d’acteurs ont compris l’intérêt de converger vers le bio, pour les bénéfices qu’il apporte notamment pour la protection de la ressource en eau. Espérons que pour renforcer et accélérer cette dynamique, de nombreux autres acteurs rejoindront le mouvement de conversion en bio des vignobles, car chaque parcelle convertie améliore la qualité points d’eaux voisins.
ÉCONOMISEZ DE L’EAU, BUVEZ DU CHAMPAGNE (BIO) !*