Stéphanie Pageot, la qualité de vie en bio

Éleveuse laitière avec son conjoint en Loire-Atlantique, Stéphanie Pageot développe sa ferme tout en revendiquant l’envie de concilier travail et vie personnelle. Avec la bio pour boussole, pour bien vivre aujourd’hui et mieux préparer demain.

Ça pourrait être l’histoire d’une traversée de la France : Stéphanie Pageot, fille d’agriculteur bio dans les Vosges, s’est installée en 1998 en Loire-Atlantique, à Villeneuve-en-Retz, le village de son conjoint, Guylain. Mais son histoire raconte plutôt celle des évolutions de l’agriculture à l’orée du XXIe siècle…

« J’ai toujours su que je voulais m’installer en bio, raconte-t-elle. Pour mieux respecter les animaux, l’environnement, les sols, l’air, l’eau… et aussi les femmes et les hommes. » Avec un certain goût du défi, aussi, car le couple choisit de s’installer en reprenant une ferme non-bio, avec 65 vaches laitières. « Les débuts n’ont pas été faciles, avec les prairies qui donnaient peu », mais ils tiennent bon et développent leur activité. Si bien qu’en 2005, avec l’arrivée d un nouvel associé, la question se pose d’agrandir la ferme… Mais c’est un autre virage que les 3 co gérants de la ferme Marais Champs prennent « Nous avons fait le choix de créer  de la valeur ajoutée sur la ferme en  fabriquant  nos fromages fermiers, raconte Stéphanie Pageot. J’ai  un diplôme d’ingénieur en agriculture qui me donnait de bonnes bases sur la compréhension du vivant, j’ai suivi ensuite en 2005 une  une formation spécifique pour la transformation fromagère, et nous nous sommes lancés… » Le système se rôde peu à peu, et un an plus tard, le succès est au rendez-vous : la Ferme  embauche une personne, puis deux, puis trois…

Diversification et vente directe

Aujourd’hui, l’exploitation compte 117 hectares, pour une cinquantaine de vaches. Elle produit près de 250 000 litres de lait par an, dont les deux tiers sont consacrés au produit phare de la ferme : la tomme au lait cru – ainsi que des fromages frais épicés ou de la crème fraîche. Le dernier tiers est livré à Biolait, le petit lait, lui, permet de nourrir une trentaine de porcs qui contribuent à la vie de l’exploitation et fournissent de la viande bio d’excellence. Pour les débouchés, Stéphanie Pageot a visé local… mais large. « Le mot d’ordre, c’est la diversification des circuits de commercialisation, pour ne pas mettre tout notre lait dans le même panier, explique-t-elle. Nous livrons à la fois les grandes surfaces locales, des AMAP, et des cantines scolaires. » Sans oublier notre magasin à la ferme   ! « C’est extrêmement gratifiant d’avoir les retours directs des gens, qui nous complimentent sur nos fromages », sourit la responsable de l’exploitation. Elle se dit fière « d’avoir mis en place un système où on vit bien tout en faisant de produits de qualité », fière aussi de s’investir dans le réseau des productrices et producteurs bio de la FNAB (dont elle a été présidente de 2013 à 2018), notamment pour faire changer le regard sur la place des femmes dans l’agriculture.  

La qualité de vie comme objectif

Après vingt-cinq ans de métier, Stéphanie Pageot s’est fixé un nouvel objectif : celui de la qualité de vie. Certes, elle et son mari travaillent plus que 35 heures par semaine… « Mais nous veillons à avoir des conditions de travail proches de celles de nos salarié-es , glisse-t-elle ; et nous prenons cinq semaines de vacances par an. C’est important. »

En regardant plus loin encore, elle confie qu’elle n’est « pas sûre de terminer agricultrice ». Mais pas question pour autant de lâcher la bio ! « C’est l’agriculture de demain », insiste-t-elle. Celle qui protège la nature, l’eau et biodiversité tout en limitant l’impact climatique, avec les prairies qui absorbent le carbone ». Elle se voit bien mettre son expérience au service des autres en contribuant à la structuration de filières bio locales et équitables, qui rémunèrent justement les paysans-nes . Une autre façon de penser à la fois l’agriculture et ses débouchés, en somme : un esprit de système, au bénéfice de la nature, et de tous les consommateurs. Mais tout cela sera pour demain : aujourd’hui, ce sera le Tome 2, après la tomme 1…