Julie Stoll : « le commerce équitable, un point d’appui vers le bio »

Economiste du développement et figure du commerce équitable en France depuis près de quinze ans, Julie Stoll est aussi une convaincue de la bio. Deux labels qui partagent des valeurs, une vision des filières agro-alimentaires… et des défis communs pour les années à venir.

Qui a dit que les grandes écoles menaient seulement aux banques d’affaires ? C’est lors de ses études à la London School of Economics que Julie Stoll s’est intéressée au commerce équitable. Sa première expérience professionnelle, dans une maison d’édition plutôt éloignée de la doxa capitaliste, Pluto Press, qu’elle publie un ouvrage sur le sujet.

De retour en France, après une expérience au sein de l’ONG CCFD-Terre Solidaire, elle intègre en 2008 la plateforme Commerce Equitable France, dont elle est la déléguée générale depuis 2017.

Deux labels qui se complètent

Mais peut-être faut-il rappeler les bases du commerce équitable ? Une juste rémunération pour les producteurs, une relation commerciale inscrite dans la durée, des projets de développement local, la transparence et la traçabilité des filières, la sensibilisation des consommateurs… « Ce que je retiens surtout, c’est que le commerce équitable permet d’améliorer les relations entre les acteurs au sein d’une filière donnée, précise Julie Stoll. C’est ce partage de la valeur qui donne des moyens aux agriculteurs d’investir dans la transition écologique. »

Aujourd’hui, Commerce Equitable France regroupe des entreprises, des ONG, des associations d’éducation populaire… et bien sûr, les 7 principaux labels présents sur le marché français : SPP, FairTrade/Max Havelaar, WFTO, Biopartenaire, Fair for life, Agri-éthique et Bio équitable en France. « C’est notre biodiversité », sourit Julie Stoll, avant de préciser que les labels sont bien plus que des logos apposés sur les produits : « Tous garantissent le respect de la définition légale du commerce équitable, avec des dispositifs d’audit et de contrôle aussi robustes que ceux du label AB. Mais un label n’est pas seulement un signal envoyé au consommateur, chacun d’entre eux fédère et anime un véritable écosystème d’entreprises et d’organisations de producteurs – c’est une dynamique précieuse pour mettre en mouvement tous les acteurs ! »

L’équitable en croissance… et en France

Et de dynamique, le commerce équitable ne manque pas. Depuis 2010, le marché a en effet été multiplié par 6, et dépasse désormais les 2 milliards d’euros annuels. Les deux tiers des ventes sont des produits qui viennent des pays du Sud – café, thé, cacao, bananes… Les filières françaises, encouragées par la Loi Hamon en 2014, représentent aujourd’hui un tiers des ventes de produits équitables, dans des domaines très divers : blé et boulangerie, produits laitiers, légumineuses, viandes et œufs… « En France comme dans le commerce Nord-Sud, les principes du commerce équitable sont les mêmes : on repense la rémunération des acteurs, et on structure des filières plus écologique grâce à des mécanismes d’amélioration de la répartition de la valeur ». Avec un souci de plus en plus saillant pour la préservation de l’environnement – qui s’est imposée depuis comme la Loi Climat de 2021 comme un nouveau « pilier » du commerce équitable.

Un nouveau pilier environnemental

« L’environnement est un engagement historique des acteurs français du commerce équitable », explique Julie Stoll. Une question de valeurs partagées, de responsabilité… et depuis la Loi Climat de 2021, une obligation. « C’était devenu une sorte d’évidence, mais nous avons poussé pour que ce soit inscrit dans la loi », précise Julie Stoll, elle-même consommatrice de bio « de la première heure ». Et s’il ne fallait retenir qu’un chiffre, ce serait celui-là : 83 % des références en commerce équitable sont également bio. Et c’était déjà la cas avant la loi Climat !

L’équitable résiste à l’inflation

Mais alors… Le commerce équitable connaît-il les turbulences dont souffre l’agriculture bio depuis la crise du Covid ? Pas tout à fait. En 2022, la consommation « équitable » a encore crû de 2 %, portée notamment par les filières françaises. Mais la conjoncture est évidemment délicate. « Nos labels n’ont heureusement pas à souffrir de la fabrique du doute qui a fragilisé l’agriculture bio ces dernières années, avec l’apparition d’appellations trompeuses, souligne Julie Stoll. L’inflation en revanche rend le contexte moins favorable, avec les arbitrages de certains consommateurs pour les produits les moins chers. » Pour autant, ajoute-t-elle, dans certains cas le commerce équitable aura été un rempart contre l’inflation. Dans la boulangerie, par exemple : « les prix du blé ont grimpé en 2022 pour des raisons essentiellement liées à la spéculation ; mais avec les contrats de commerce équitable garantis sur le long terme sur la base des coûts de production et non des prix de marché, les produits équitables étaient finalement moins chers !»

Vers une transition alimentaire bio et équitable

Reste à généraliser ce modèle vertueux. Et cela, Julie Stoll et Commerce Equitable France y travaillent, en se battant pour faire modifier les règles du jeu économique. « Mon premier souhait serait de mettre en cohérence toutes les politiques publiques pour favoriser l’engagement vers la transition alimentaire : moins de produits carnés, moins d’emballages, et plus de  produits bio et équitables », dit-elle. Encore faudrait-il que la puissance publique récompense les investissements allant dans le sens d’une protection de la nature et d’une juste rémunération des agriculteurs. Par des systèmes de bonus/malus écologiques, par exemple, et des plans d’accompagnement des acteurs à la transition agroécologique. Et Julie Stoll de pointer quelques lueurs d’espoir, comme ces discussions entamées dans certains pays africains pour moduler la fiscalité à l’export du cacao en fonction des pratiques des acheteurs : des taux moins élevés pour le cacao équitable et plus élevé pour ceux qui ne garantissent psa le paiement d’un prix décent aux planteurs.  « Voilà qui serait un vrai signal prix pour faire bouger les lignes et redonner de la compétitivité prix aux démarches d’avenir ! » conclut-elle. Un signal que toute la communauté bio guettera assurément aux côtés des acteurs de l’équitable…

Vincent Rozé : le bio joue et gagne en collectif

Installé depuis 22 ans en GAEC dans une ferme des Alpes, Vincent Rozé préside depuis 2017 le réseau Mangez Bio et ses 21 plateformes destinées à la restauration collective. Portrait d’un entrepreneur engagé, qui joue collectif avec un pragmatisme convaincant.

Un sourire dans la voix, le tutoiement facile et le verbe précis : Vincent Rozé est de ces gens qui vous embarquent en quelques phrases, et qui vous font voir le monde avec un regard neuf, et un optimisme revigoré.  

Né en Bretagne, fils d’éleveur, Vincent se lance dans des études d’ingénieur en « sciences de la terre », en Picardie. Le goût de l’aventure le conduit à effectuer son stage de fin d’études en Russie… dans un kolkhoze. Il y restera finalement 5 ans, avec une grande leçon : le collectif ne vaut que s’il permet aussi l’épanouissement de chaque individu. « C’était l’époque post-soviétique, se souvient-il. J’ai vu de près comment ce système avait détruit l’économie, mais aussi les gens. Plus personne ne se faisait confiance !» Et il glisse, malicieux : « J’y ai aussi travaillé avec des Américains, qui m’ont tout appris de la vente. » Il y rencontre aussi des amis avec qui, de retour en France, il décide de s’associer pour reprendre une exploitation laitière. Le projet : monter une fromagerie, et faire du pain, en prime.  

La Ferme de Sainte-Luce, de 0 à 22 travailleur.euses

A l’été 2000, ils visitent des exploitations, dans les Alpes. Dès la deuxième semaine, une rencontre, une ferme à reprendre à Sainte-Luce (Isère), et c’est parti : en 2001, les voilà installés en GAEC, avec une trentaine de vaches, prêts à convertir la ferme en agriculture biologique. Le bio, pour Vincent Rozé, c’était une évidence. « Une agriculture avec des produits chimiques qui tuent la vie ne peut pas gagner, dit-il avec le plus grand calme. Et d’ajouter : « J’espère qu’on pourra dire un jour que le chimie n’a été qu’une courte parenthèse dans l’histoire de l’agriculture.»  

L’organisation du travail se fait de façon collective et pratique : « Au départ, il s’agissait surtout de nous organiser pour garder les enfants ! ». Une philosophie qui perdure encore, alors que vingt ans plus tard, la ferme a bien grandi : si lait et fromages demeurent la principale production, on y fait aussi du pain (avec une marque de biscuits salés et sucrés), et désormais de la bière. Le tout sur 150 hectares, dont 90 ha de prairies. Aux 45 vaches s’ajoutent 60 cochons, qui valorisent le petit-lait et les drêches de fermentation de la bière. Le GAEC compte aujourd’hui 7 associés, et une équipe de 22 personnes – pour la production, mais aussi la commercialisation, en circuit court (« 80 % entre Grenoble et Gap », précise Vincent Rozé), auprès de particuliers ou de cantines locales. 

Mangez Bio Isère : une plateforme qui croît...

Mais pour livrer la restauration collective, il faut des volumes, et une offre diversifiée. La solution, pour les agriculteurs bio ? S’associer. Voilà pourquoi, en 2005, Vincent Rozé a créé la plateforme Mangez Bio Isère, en s’inspirant d’une expérience similaire en Ille-et-Vilaine. Les débuts ont été modestes, avec 5 producteurs et un salarié pour la commercialisation. « L’aide du département a été déterminante ; elle nous a donné le temps de grandir pour atteindre l’autonomie financière. Mais nous savions aussi que pour être pérenne, notre modèle devait être viable sans argent public ! » Quinze ans plus tard, le pari est réussi : Mangez Bio Isère réalise 7,5 M€ de chiffre d’affaires. La plateforme compte aujourd’hui 20 salariés, des achats au suivi de clientèle en passant par la structuration des filières, les ressources humaines, la qualité… et la logistique. 

« C’est un nouveau métier pour nous, et il est essentiel, insiste Vincent Rozé. Sur un appel d’offres, il peut représenter 50 % de nos coûts. Et là-dessus, nous devons être compétitifs, parce qu’on ne peut pas seulement compter sur nos valeurs ». Etre irréprochables sur le bio et sur le service, en somme. Et fixer le prix au plus juste pour les consommateurs et pour les producteurs.  

Vivement Egalim, pour de vrai

Depuis 2017, Vincent Rozé préside le réseau Mangez Bio, qui compte 21 plateformes en France. Idéalement placé, donc, pour voir la dynamique qui se poursuit (+15 % de croissance en 2022), mais aussi les résistances, chez des élus locaux qui n’ont pas encore pris conscience du caractère vital de l’enjeu d’une agriculture qui ne surexploite pas les ressources. « Avec le brouillard savamment entretenu par les labels type HVE, on sent aussi une grande appétence pour le local, sans trop regarder ce qui se cache derrière… » Face à cela, le réseau Mangez Bio a des atouts importants à faire valoir : une organisation collective, la maîtrise des métiers, et la capacité de garantir de gros volumes dans la durée. « Ce qu’il nous faudrait maintenant, c’est que la loi Egalim soit vraiment respectée », conclut-il.  

Il sait qu’une loi sans sanction n’est pas vraiment une loi. Il sait aussi que sur le temps long, il s’inscrit dans le sens de l’Histoire – celle qui respecte la nature au lieu de la contrôler. De la Bretagne à l’Isère en passant par la Russie, il a bien appris qu’à trop vouloir contrôler, on crée souvent plus de problèmes qu’on en résout… 

Valentin Ceze, pour une alimentation positive : la bio relève le défi

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Depuis dix ans, les défis « Foyer à Alimentation Positive » (FAAP) sensibilisent chaque année plusieurs centaines de familles pour consommer plus de bio sans alourdir le budget alimentaire et sont pilotés par le GAB 56 et GAB 44. Une démarche de plus en plus tournée vers les publics en situation de précarité, nous explique Valentin Cèze, chargé de mission à la FNAB, qui pilote l’opération.

L’idée est née en Rhône-Alpes, en 2012. Le principe ? Plusieurs équipes d’une dizaine de foyers (avec ou sans enfants) relèvent ensemble le défi d’augmenter leur consommation de produits bio locaux tout en conservant un budget constant… et en se faisant plaisir.

La première expérience fut un succès, et l’essaimage s’est fait naturellement, avec une formule éprouvée qui s’adapte à chaque territoire. L’impulsion de départ est toujours donnée par une structure locale (collectivité, CCAS, communauté de communes…) avec le GAB (Groupement d’agriculteur-ices biologiques) local. Des structures relais recrutent les foyers volontaires pour participer au défi… Et c’est parti pour 6 à 8 semaines en moyenne, avec une recette qui a fait ses preuves : une soirée d’ouverture, suivie d’un temps fort tous les 15 jours environ :visite de ferme bio, cours de cuisine, atelier anti-gaspi… Pendant tout ce temps, chaque foyer note avec précision ses achats alimentaires, pour pouvoir dresser le bilan lors de la soirée de clôture conviviale, où les participants partagent leurs recettes. Si les équipes ont réussi à manger mieux sans augmenter leur budget, c’est gagné !

Une dynamique au-delà de l’opération

En 2023, 24 défis FAAP ont été organisés dans 12 départements, avec un peu plus de 600 foyers inscrits. « Nous n’avons pas la force de frappe de grands acteurs, mais sur chaque territoire où nous intervenons, nous faisons tout pour créer une vraie dynamique positive autour de l’alimentation bio », explique Valentin Cèze, chargé de mission Alimentation et Commercialisation du bio à la FNAB.

Originaire des Hautes-Alpes et connaisseur du milieu agricole, le jeune homme a fait ses premières armes professionnelles dans une association d’aide alimentaire appuyée à une entreprise de l’ESS de récupération d’invendus. Et il reconnaît volontiers n’avoir pas toujours été un militant de l’agriculture biologique. « Comme beaucoup de monde, je manquais d’information sur le sujet, dit-il, avant d’ajouter dans un sourire : Au fond, j’aurais été un parfait candidat pour les défis ! » Désormais converti, il loue avec verve l’importance de la bio pour les consommateurs, les producteurs et les territoires. Et il sait que les défis FAAP peuvent créer le même genre de déclic. « L’objectif est de réussir le défi, et de changer les pratiques de plusieurs foyers sur un même territoire. Mais l’idéal est surtout de faire de nos participants des ambassadeurs, bien après l’opération ! » Un défi après le défi, en quelque sorte ; avec de vraies chances de succès. « Nous n’avons pas de données sur l’écho que peuvent avoir nos opérations [un travail est en cours sur ce point avec des universitaires], mais nous savons qu’ils en parlent autour d’eux pendant le défi ; et qu’il y a généralement une vraie fierté des résultats. »

Achats bio en hausse, à budget (presque) constant

Achats bio en hausse, à budget (presque) constant

Les résultats, parlons-en !

Depuis 2012, les statistiques parlent d’elles-mêmes : plus de 2000 participants, 17 points d’achats bio en plus dans la ventilation des courses (dont +11 pour le bio local)… et une augmentation du budget alimentaire de seulement… 0,04€.

Pour les défis de 2023, la réussite est plus éclatante encore sur la maîtrise du budget : le panier moyen des repas est en effet passé de 2€ à 1,60€ – avec un « panier bio local » en hausse de 8 points. Le tour grâce aux actions de sensibilisation, mais aussi à l’entraide entre participants.

« Il y a une vraie émulation, entre les équipes et au sein de chaque équipe », se félicite Valentin Cèze. Émulation et non compétition, cela n’aurait aucun sens. Même si la coopération n’empêche pas d’éprouver la fierté d’avoir obtenu le meilleur score.

Au défi des foyers les plus précaires

Et si, comme le veut l’adage, on ne change pas une formule qui gagne, les GAB ont été eux aussi mis au défi. Depuis plusieurs années, en effet, les partenaires institutionnels sollicitent de plus en plus souvent le réseau pour réaliser des opérations avec des populations en situation de précarité, ou sur des territoires où manger bio est encore tout sauf un réflexe. Le XVIIIe arrondissement de Paris, par exemple.

« C’est une demande des collectivités locales au départ, note Valentin Cèze, mais c’est aussi une préoccupation croissante pour les agriculteurs bio, qui veulent montrer qu’ils s’adressent à tout le monde et pas seulement à une population aisée ».

Ainsi donc, chaque mois, un peu partout sur le territoire, des agriculteur.ices sensibilisent, échangent, démontrent. Et des familles apprennent à penser leurs courses autrement, cuisiner des produits bruts, inventer de nouvelles recettes…

Ouvrir des perspectives

Et tandis que de nouveaux défis FAAP se préparent pour 2024, la FNAB développe ou soutient d’autres opérations qui permettent de « décloisonner le bio » et de lever les freins qui subsistent à son adoption par de nouveaux consommateurs. A l’image de la douzaine de projets proposés par les GAB dans le cadre du programme « Mieux manger pour tous », ou de l’opération P.A.N.I.E.R.S, dans les Hauts-de-France, où la distribution de paniers bio s’accompagne d’ateliers de sensibilisation ou de formation. 

Les GAB 44 et 56 assurent respectivement la gestion du site internet des Défis FAAP (https://www.foyersaalimentationpositive.fr/) et l’accompagnement “technique” à la structuration d’un défi. La vraie nouveauté en 2024 est l’arrivée du GAB 44 dans la coordination des foyers, le GAB 56 étant depuis longtemps au coeur du dispositif, notamment pour accompagner les chargé-es de mission des GAB qui lancent pour la première fois un défi sur leur territoire. 

Autant de petits cailloux posés sur la route de projets plus ambitieux ou la refonte du système agricole et alimentaire français à laquelle la FNAB travaille via le collectif Nourrir. « Ce qui m’a marqué avec la bio, en plus de ses bienfaits pour les consommateurs, les paysans et l’environnement, c’est la force et le dynamisme du réseau », souligne Valentin Cèze, qui conclut en rappelant qu’il serait temps, pour tous les acteurs de la filière, de faire enfin respecter loi Egalim sur la restauration collective : « C’est essentiel, et pas seulement pour une question de débouchés économiques ! assure-t-il. Car le bio va bien au-delà. »

Voilà ce qu’on appelle la foi des convertis.

Cuisinons plus bio au SMCL 2023

L'Agence BIO sera présente au salon des Maires et des collectivités locales pour promouvoir le bio au restaurant, avec la campagne #CuisinonsPlusBio

En septembre dernier, l’Agence BIO a lancée sa campagne co-financée par l’Union Européenne #CuisinonsPlusBio. A la fois campagne d’information citoyenne, et communication pratico-pratique, celle-ci va mettre en lumière les chef.fes déjà engagé.e.s dans la transition alimentaire et donner envie à celles et ceux qui ne mettent pas encore de bio dans leurs menus de suivre le mouvement, en les accompagnant tout au long de leur démarche.

A l’Agence BIO invite donc les collectivités et les élus à les rejoindre du mardi 21 au jeudi 23 novembre au Pavillon 4 secteur Développement et Attractivités territoriales, stand F13 à Paris Expo, Porte de Versailles, pour un partage d’expériences et de réponses concrètes.

L’Agence BIO proposera également deux conférences sur l’espace « Atmosphère Résilience Agricole et Alimentaire » du Pavillon 4 :

Conférence 1 : Projets alimentaires territoriaux, une opportunité pour les produits locaux et bio ?

Mercredi 22/11 de 15h30 à 16 h15.

Conférence 2:  Cuisinons plus bio, des dynamiques urbaines !

Jeudi 23/11 de 11h30-12h15.

Retrouvez toutes les informations ici

BIOCTOBER

qu'est ce que c'est ?

Tout le mois d’octobre, l’Agence BIO lance le challenge #BIOCTOBER sur Instagram pour inviter chacun à mettre en place des petits ou grands changements dans son assiette et tendre vers plusde bio.

Objectifs

L’objectif derrière cette mécanique serait de mettre en avant deux messages : 

#1 Manger bio ne coûte pas un bras 

#2 On peut manger bio et gourmand

Le discours est très positif et non culpabilisant, et est soutenu à travers la production de contenus vidéos sponsorisés sur les réseaux et la diffusion tout au long du mois de contenus organiques relayés sous le hashtag #BIOCTOBER. 

pour cette edition....

En l’honneur du BIOCTOBER la compétition s’est disputée intégralement avec les oeufs bio de l’agricultrice Gaëlle PICARD, originaire de la Côte D’or.

Encore la preuve que bio et délicieux s’accordent parfaitement !

Bertrand Chareyron, la passion de l’innovation durable

Depuis 2007, Tech & Bio réunit tous les deux ans des agriculteurs de tous horizons pour découvrir les nouvelles techniques de production biologique et alternative. A la tête de ce Salon, Bertrand Chareyron: un ingénieur devenu agriculteur lui-même, éternel optimiste et pragmatique acharné, pour qui la bio montre à tous le chemin de l’innovation durable.  

C’est l’histoire d’un fils d’agriculteur de la Drôme qui n’aime travailler ni en silos ni en solo. Un « technicien », comme il aime se définir, ingénieur agronome passé par l’Isara, à Lyon, où il s’est passionné très tôt pour les questions de fertilité des sols et comme une évidence sur l’agriculture biologique.

Sa première aventure professionnelle l’amène à la Chambre Régionale d’Agriculture de Franche-Comté. Sa mission principale : aider les éleveurs de bovins bio à accroître leur autonomie alimentaire. « Nous étions en 1999, c’était le tout début de la bio, se souvient Bertrand Chareyron. Nous n’étions encore qu’une poignée de conseillers en France. Et nous nous retrouvions souvent à Paris, à l’APCA, à l’ITAB ou à la FNAB pour partager nos références, nos différents essais sur les relations sols/plantes/animal et pour ma part sur le lupin, les pois fouragers, les féveroles… »

En 2003, retrouvant sa Drôme natale, il devient référent Grandes cultures bio en Rhône-Alpes, où il s’emploie à faire circuler les bonnes pratiques et les connaissances techniques. C’est dans cet esprit qu’il organise en 2004 une Journée Grandes cultures bio. Le succès de ce type de journées techniques reproduites par ses collègues sur différentes filières donne à la Chambre d’agriculture, appuyée par le Département de la Drôme et l’APCA, l’idée d’organiser un salon : ainsi est né ce qui allait devenir Tech&Bio.

le bio, ou la richesse de l'innovation sous contrainte

La première édition du salon se tient en 2007. Sous la direction d’Olivier Durant, Bertrand Chareyron y est notamment en charge des cultures de démonstration. « Du pratico-pratique ! » insiste-t-il. La programmation du salon n’en porte pas moins la marque de son engagement de toujours, et de son ouverture vers toutes les agricultures. « L’échange de pratiques entre agriculteurs bio était évidemment au cœur du projet, raconte-t-il. Mais il nous paraissait essentiel de nous adresser aussi aux agriculteurs conventionnels. » Parce que beaucoup d’entre eux ont le souci d’utiliser des techniques alternatives aux produits chimiques. Et parce qu’avec les contraintes qu’elle s’impose, l’agriculture biologique stimule la créativité : un terreau parfait pour des innovations qui peuvent bénéficier à tous !

Un exemple ? Les bineuses, pour éviter le recours aux désherbants, dont les performances s’améliorent d’année en année – et que l’on retrouve désormais chez tous les concessionnaires. « Tech&Bio est aussi l’endroit où les agriculteurs peuvent faire entendre leurs messages aux industriels, et faire comprendre leurs besoins ! » Besoins qu’il connaît bien pour côtoyer les exploitants bio en tant de conseiller… mais aussi, désormais, en tant qu’agriculteur lui-même.

Un technicien devenu agriculteur...et commissaire

En 2018, en effet, Bertrand Chareyron a repris la ferme familiale, qu’il a convertie en bio pour produire, sur une vingtaine d’hectares, luzerne, soja (pour l’alimentation humaine), maïs, blé et seigle, ainsi que des semences de tournesol.

Trois ans plus tard, prenant la suite d’Olivier Durant, il devient commissaire général de Tech&Bio, avec la complicité notamment de Mélanie Béranger (animatrice du réseau bio des chambres d’agriculture) pour le contenu technique et la programmation des rencontres. « L’esprit est toujours le même : nous cherchons les expertises les plus pointues, pour que tous les agriculteurs puissent trouver le meilleur des techniques bio, des techniques alternatives et réponse à leurs questions. »

Réunir une telle diversité d’experts (issus du réseau des chambres d’agriculture mais aussi des instituts techniques, de l’INRAE, des GAB, de la Coopération agricole ou encore des CUMA…) est pour lui l’une des plus grandes réussites de Tech&Bio. L’autre, c’est d’avoir su maintenir cette ouverture aux agriculteurs conventionnels, pour faire de Tech&Bio « le salon de tous les agriculteurs en quête de solutions et de pratiques agricoles durables ». Avec un credo : les conventionnels d’aujourd’hui sont les bios de demain !

Sobriété et adaptation, deux thèmes phares en 2023

21 000 visiteurs et 375 exposants sont attendus pour l’édition 2023, qui accueillera 13 délégations internationales et proposera une centaine de démonstrations et ateliers en plein champ, sur l’exploitation du Lycée Agricole du Valentin, à Bourg-lès-Valence. « On y mettra l’accent sur deux grandes thématiques : la sobriété énergétique et l’adaptation au changement climatique ». Il y sera beaucoup question de pilotage de la ressource, d’irrigation et de techniques diverses pour diminuer les besoins en eau. D’énergies renouvelables aussi – de la méthanisation à l’agri-voltaïque. Avec comme toujours une approche par l’exemple, et des échanges constructifs sur les pratiques efficaces et durables.

Et qu’on ne parle pas à Bertrand Chareyron de « crise de la bio » ! « Eternel optimiste » mais aussi résolument pragmatique, il constate bien une crise du pouvoir d’achat dans une période chahutée, mais reste « convaincu que la bio a un grand avenir devant elle ». Et il appelle tous les agriculteurs à optimiser leurs pratiques pour convaincre de nouveau les consommateurs en parlant à leur porte-monnaie autant qu’à leur conscience écologique. Comment faire ? S’inspirer des pratiques les plus efficaces pour baisser ses coûts de production, mais aussi pour valoriser au mieux les productions – Un mot de conclusion ? « Venez donc parler de tout ça avec nous à Tech&Bio 2023 », lance Bertrand Chareyron dans un grand sourire.

La Journée Européenne du Bio au restau

Avec seulement 1% de denrées bio aux menus de 170 000 restaurants, les possibilités sont grandes pour que les chef.fes français.e.s mettent plus de bio à la carte de leur établissement. Étoilés, bistrots, routiers, pizzerias, glaciers ou encore restauration rapide, tous les restaurants ont un rôle à jouer dans la transition alimentaire et agricole en mettant du bio à leur carte !

Chaque année, le 23 Septembre, fêtons la Journée Européenne du Bio au resto. 
A cette occasion soutenons les professionnels de la restauration engagés en faisant vous aussi le choix de menus BIO. 

On à tous de bonnes raisons de manger BIO.

Logo Gauche BIOREFLEXE CMJN[54]

LE BIO ARRIVE AU SIRAH OMNIVORE A PARIS

Avec seulement 1% de denrées bio aux menus de 170 000 restaurants, les possibilités sont grandes pour que les chef.fes français.e.s mettent plus de bio à la carte de leur établissement. Étoilés, bistrots, routiers, pizzerias, glaciers ou encore restauration rapide, tous les restaurants ont un rôle à jouer dans la transition alimentaire et agricole en mettant du bio à leur carte !

Loïc GUINES, Président de l’Agence BIO & Laure VERDEAU, Directrice de l’Agence BIO vous donnent rendez-vous au SIRHA OMNIVORE PARIS pour la présentation de leur nouvelle campagne européenne de promotion et d’information sur l’agriculture biologique à destination des professionnels de la restauration.

 LUNDI 11 SEPTEMBRE 2023

Au programme:

  • DÈS 10H30 : POINT PRESSE AVEC DÉGUSTATIONSUR LE STAND DE L’AGENCE BIO
  • DE 11H30 À 12H : PRISE DE PAROLE DE LAURE VERDEAU, Directrice de l’Agence BIO, sur la scène liquide rendez-vous sur le stand C56 de l’Agence BIO au Parc Florale de Paris

Pour plus de bio au restaurant

L’Agence BIO est ravie d’avoir obtenu une subvention de l’Union Européenne pour la première campagne européenne qui aura pour mission de mettre plus de bio à la carte des restaurants. .Cette campagne déclinera le #BIORÉFLEXE pour les professionnels de l’hospitalité et de la restauration. 

SALON TECH & BIO EDITION 2023

Organisé tous les 2 ans par les Chambres d’agriculture, Tech&Bio, le salon de référence des techniques bio et alternatives, se déroulera les 22 et 23 septembre 2021, à Bourg-lès-Valence dans la Drôme, au Lycée agricole du Valentin.

L’Agence BIO sera présente sur le Salon Tech & BIO qui se tiendra les 20 et 21 septembre prochain sur le stand de la DRAAF D31, aux côtés des Agences de l’eau de l’INAO. 

L’Agence BIO y organisera deux temps forts :

  • 20 septembre : 08H30 – 10H00 : Conférence de presse Agence BIO – Stand de la DRAAF D31

En exclusivité : Les résultats du premier Baromètre du moral des agricultrices et agriculteurs bio présentés par l’Agence BIO !

  • 20 septembre : 15H00 – 16H00 : Conférence Agence BIO – Salle 7

Les agriculteurs et agricultrices BIO s’expriment ! Retour sur leurs prises de parole à l’occasion d’une enquête d’ampleur : Présentation du 1er baromètre par l’Agence BIO.

L’agence BIO interviendra également sur plusieurs temps forts partenaires :

L’Agence BIO interviendra également lors de deux temps forts “Filières et Marchés” et “Collectivités” organisé par Les Chambres d’Agriculture, La Coopération Agricole et le SYNABIO.

  • 20 septembre 11H00 – 12H00 : Conférence Maraîchage – Salle 7

Conférence Micro-ferme : « Pratiques maraîchères et gestion, Intervention de Jean-Martin Fortier, agriculteur-enseignant ».

  • 20 septembre 14H30 – 15H30 : Temps Fort “Productions bas niveau d’intrants” – Stand de la DRAAF D31 

Témoignages d’acteurs avec Malt’In Pot : projet du Fonds Avenir Bio.

  • 21 septembre 09H45 – 13H00

Les rencontres Filières et Marchés BIO : Comment relever les défis dans un contexte chahuté ?

  • 21 septembre 14H30 – 15H30

Les rencontres Collectivités : Introduction de 20% de produits bio dans la restauration collective : quel premier bilan ?

Laurent Guglielmi : tout est bon et bio dans le cochon

Tout est bon dans le cochon. Surtout quand l’animal est bien sélectionné, sainement alimenté… et qu’on le prépare avec talent. Avec LE MARZAN, le cochon BIO de CHB, Laurent Guglielmi plaide pour une charcuterie BIO de haute qualité. Et il (re)part à la conquête de nouveaux consommateurs, avec une arme majeure : le plaisir.

A La Bazoche-Gouët, dans le Perche, les porcs sont élevés sur litière avec le souci du bien-être animal. « CHB est depuis longtemps une référence dans la charcuterie haut-de-gamme pour les restaurateurs », explique Laurent Guglielmi, qui a repris l’entreprise en 2005. En 2018, ce passionné à l’enthousiasme communicatif a choisi de développer le bio, par conviction environnementale. Avec un double credo : la qualité (« bio et bon »), et un raisonnement en filière. « Le bio est un peu plus cher en raison de plus faibles volumes, explique-t-il. Il faut donc penser l’ensemble de la filière, sous peine de se mettre hors-marché. Et ne pas avoir peur de la massification, dès lors que l’on reste intraitable sur la qualité ! »

La qualité, pour lui, c’est d’abord un bon cochon (bien choisi et sainement nourri) ; c’est le savoir-faire charcutier ensuite. « Il faut les deux, c’est indispensable ! » C’est sur cette base que l’entreprise propose près de 70 références bio, du jambon blanc au boudin noir en passant par l’andouillette et le bacon. Le tout sans liants artificiels, sans gluten ni allergènes, sans exhausteurs de goût, en allant parfois plus loin que le cahier des charges de l’agriculture biologique !

Laurent Guglielmi en est convaincu : concilier engagement environnemental et performance économique est possible. « On peut résoudre tous les problèmes dans une même équation ! » La clé ? Moins de viande, mais de la viande de meilleure qualité. Car « massifier le bio » ne signifie pas la course aux volumes à tout prix – et surtout pas pour le consommateur : 60 à 80g de viande par jour, voilà qui suffit à répondre aux besoins réels… « Et là, vous aurez les moyens de manger bio », conclut-il tel le professeur de mathématiques achevant avec le sourire une démonstration au tableau.

Ce pari de la croissance du bio par la qualité s’est révélé payant dès les premières années d’activité. De 50 porcs par semaine en 2018, CHB est passé à 300 en 2020. La crise Covid a été traversée tant bien que mal… Mais fin 2022, patatras : le marché dégringole. Pour 2023, l’entreprise redescend à 80 porcs par semaine. La raison ? La grande distribution, qui a sacrifié le bio sur l’autel du pouvoir d’achat. « Nous avons presque tout perdu en GMS », déplore Laurent Guglielmi, qui ne baisse pas les bras pour autant. « Nous sommes là pour faire du bon, et quand on nous laisse dans les rayons, ça marche, assure-t-il. La preuve : dans les magasins spécialisés, on grignote des parts de marché aux marques distributeurs. »

Une lueur d’espoir dans un moment délicat pour toutes les filières bio. « Personne ne veut voir son environnement dégradé, insiste le chef d’entreprise. Il faut lutter contre cette crise d’intérêt pour le bio, et remettre tous les enjeux sur la table ».

Cette « crise d’intérêt », pour lui, ne s’explique pas seulement par la conjoncture internationale. Il y voit aussi les effets d’une crise de croissance : « Importer des produits bio pour répondre à l’engouement pour le bio a brouillé le message alors qu’il aurait mieux valu consolider les ventes », analyse-t-il, tout en pointant une deuxième dérive : « On s’est beaucoup concentré sur le cahier des charges, au risque d’oublier un peu l’organoleptique. Or, c’est bien cela l’essentiel :on ne rachète un produit que si on y a trouvé du plaisir par le goût ! »

Avec ses charcuteries savoureuses, Laurent Guglielmi sonne l’heure de la reconquête. Fort de convictions solides, et de l’envie de mettre en avant le plaisir. « Regardez Thibaut Spiwack, conclut-il en désignant le chef étoilé, à l’œuvre sur le stand de l’Agence Bio au Salon de l’Agriculture : quand on lui donne une bonne matière première, il s’éclate, il invente ; il va même plus loin que nous ! On a besoin de ces gens-là, pour faire découvrir le bio autrement, et ne surtout pas nous enfermer en ne prêchant qu’à des convaincus ». Tout est dit. Et maintenant, bon appétit !

Hervé Longy, le maire qui passe sa cantine en bio -presque- du jour au lendemain !

Élu maire en 2020, Hervé Longy n’a pas eu besoin des six années de son mandat pour remplir sa promesse sur le bio, mais de six mois seulement !

Cet ancien directeur d’exploitation au lycée agricole de la ville de Naves, 2400 habitants, a mis en œuvre les mêmes méthodes que celles employées là-bas : « on m’a toujours dit que c’était trop cher, que ça ne fonctionnerait pas. Et nous sommes passés au bio en 1998 et au 100% bio en 2009 en travaillant avec les agriculteurs, en les accompagnant vers le mieux disant. Le changement s’est produit lorsque nous avons amené les produits au lycée, qui est doté d’un atelier de taille significative. Avec FORMA bio, nous avons déployé le plan EPA (enseigner produire autrement) et une fois que le pli est pris, on ne revient plus en arrière ».

Pour la ville, l’opération a donc permis de passer de 1,5% à 65% de bio dans les 180 repas quotidiens de la cantine en six mois seulement. Hervé Longy est allé voir tous les producteurs locaux qui ont soutenu sa démarche, ce d’autant qu’il s’est engagé à ne jamais négocier les prix avec eux « c’est un principe de base. Ils savent ce dont ils ont besoin pour vivre. On focalise sur le coût matière, mais c’est un faux débat, cela ne représente qu’une petite part du coût des repas, au milieu de la main d’œuvre, du transport et autres. Passer au bio a représenté un surcoût minime : de 1,70 euros à 1,88 euros par repas, c’est tout à fait supportable et nous avons trouvé les fonds en économisant sur l’éclairage nocturne, bien avant la guerre en Ukraine, c’est frappé au coin du bon sens ».

Au-delà de la vertu économique et environnementale avec les producteurs locaux,  Hervé Longy identifie trois indicateurs clés du succès de la démarche : « d’abord, concernant le goût. Aucun instituteur ne mangeait à la cantine auparavant et ils y mangent tous désormais ! Ensuite, nous nous faisons gentiment disputer par des parents qui disent que leurs enfants ne veulent plus que du bio chez eux pour faire aussi bien qu’à la cantine : quand nous prévoyions 10 kilos de tomate naguère, nous passons à 15 kilos, car les mômes se resservent et ça c’est la plus belle des récompenses ! Et le dernier à profiter de la démarche, c’est le chef que nous avons embauché. Ça donne du sens à son métier : au lieu d’être dans une cantine ouvre-boîte dans laquelle il se contente de servir du sous-vide que les enfants touchent à peine, il pèle lui-même les patates pour faire des frites que les enfants s’arrachent ». A celles et ceux qui croient que passer leur cantine en bio prendra nécessairement des années et grèvera les comptes municipaux, allez faire un tour en Corrèze vous détromper pour la bonne cause !  

Camille Labro, propagatrice d’une idée folle

Incontournable journaliste culinaire depuis vingt ans, Camille Labro a cessé de répondre aux sollicitations de médias et d’éditeurs guignant sa signature, pour consacrer toute son énergie à L’école comestible, une association qui introduit les légumes bio dans les écoles publiques et réalise l’impensable : faire aimer le chou rave aux bambins.

Personne ne se souvient que le 11 septembre 2001, à New York, se tenait la fashion week. Camille Labro, si. Alors journaliste mode, elle était sur place pour Paris Première et se retrouve du jour au lendemain à filmer les conséquences du désastre. L’idée mûrit de quitter deux vies : les États-Unis et une forme de journalisme distancié.

Rentrée en France en 2002, elle croise Isabelle Lefort, rédactrice en chef du supplément de la Tribune, qui lui confie une page hebdomadaire sur le sujet de son choix et l’évidence la saisit « je devais trouver un sujet dont je ne me lasserai jamais, que je pouvais explorer sous tous les angles et je me suis dit « mais bien sûr ! La bouffe ! ». L’exigence d’Isabelle a décuplé ma motivation et j’ai rencontré tout le monde dans le milieu. D’abord, pour essayer de comprendre, ensuite pour donner à voir celles et ceux qui nous nourrissent bien. On me dit parfois que c’est du journalisme engagé, à la limite du lobbying, mais moi j’assume de parler des paysans, de celles et ceux grâce à qui on mange mieux et qu’on ne voit pas assez ».

2003-2023 : vingt années de portraits, de pages dans le M du Monde, de livres et de documentaires comme « le bonheur est dans l’assiette » pour Arte. Cela aurait pu continuer de façon exponentielle, mais en 2019, sa famille la met face à ses responsabilités : « d’abord, je vois ma fille de 5 ans faire des maths avec justesse en comptant les haricots que nous avions planté. Ensuite, mon fils entre dans une école primaire qui dispose d’un jardin sur le toit. Je demande à l’institutrice ce qu’ils y font et elle me répond « nous n’y allons jamais, nous n’aurions pas le temps de finir le programme ! ». Je tombais des nues… Et puis ma marraine, la restauratrice et fondatrice de Edible schoolyard (Ecoles Comestibles) Alice Waters, me rendit visite. En regardant la carte des 5000 « Edible schoolyards » créés dans le monde, elle me demanda : « Camille, how come there is nothing in France ? The country of gastronomy !”. Je me suis alors dit que je n’étais pas allé au bout de mes responsabilités pour mieux faire manger les Français et je me décidais à lancer L’école comestible ».

L’histoire devait se lancer tout doucement avec un anodin post Facebook dans la torpeur d’août « on va lancer L’école comestible en France. Who’s in ? » et face à l’avalanche de réponses positives, de propositions, L’école se développe à toute vitesse malgré le Covid.

Depuis sa création, L’école a dispensé 1400 ateliers, compte 4 salariés, une centaine de bénévoles et trois antennes régionales, et a accompagné des villes qui veulent développer le programme en autonomie. Ce ne sont pas ces chiffres là que Camille Labro retient en premier, mais celui de moins de 1% : « c’est celui du refus de goûter. Qui ne nous arrive donc presque jamais. Les enfants passent les ateliers les mains sales et la bouche pleine, ils triturent et goûtent, et goûtent encore avec des surprises émerveillées. Ils goûtent cru, tirent la langue, mettent de l’huile, un trait de citron, du sel et en redemandent. Même, voire surtout avec du topinambour, ou notre produit star, le chou rave ! ». Pour celles et ceux qui seraient sceptiques, allez voir le film de présentation de l’association (https://www.ecolecomestible.org/) soit tous les enfants sont éligibles aux Césars de meilleurs espoirs, soit ça marche vraiment.   

Après des débuts improvisés avec ses propres enfants comme « cobayes », l’association se structure très rapidement, produit des fiches pédagogiques et 15 kits sur des thématiques aussi diverses que l’incontournable cagette de légumes de saison, la découverte des légumes, graines et grains, sens et goûts, herbes aromatiques, anti gaspi…  Tous ces sujets sont traités en atelier d’1h30, impérativement pendant le temps scolaire, principalement de la grande section de maternelle jusqu’au CM2 avec des modules adaptés à l’âge des enfants. Les ateliers ont lieu dans des écoles publiques, avec un souci d’aller dans les écoles où les enfants n’ont pas accès au bio, et uniquement avec des légumes, et rien d’autre : « d’un point de vue pragmatique, les légumes ont tous les avantages. C’est plus simple dans une perspective d’hygiène que des viandes ou poissons et ne pose aucun problème d’allergie ou d’interdits alimentaires. Surtout, les enfants ne savent rien des légumes, ils reconnaissent tout juste les carottes ou les radis, mais ne connaissent rien de la production, de la récolte, la saison, le goût… Pour eux les betteraves, ce sont des cubes rouges dégoûtants servis à la cuisine ».

Pour démythifier les légumes, L’école comestible propose de venir avec les producteurs directement, des artisans et des chefs, pour cuisiner dans la salle de classe. Ils discutent et racontent toute la vie des légumes en explorant, sans s’appesantir, tout le programme scolaire : « les proportions des recettes font faire des maths, rutabaga et topinambour enrichissent le vocabulaire, et les épices offrent un prétexte pour parler géographie et histoire avec leur provenance. Les enfants retiennent et assimilent tout sans effort ».

Et la chaîne de lutte contre « l’illettrisme alimentaire » ne s’arrête pas aux enfants, puisque les professeurs impliqués s’engagent de manière pérenne dans l’association (nombre d’entre elles et eux, quand c’est possible, tentent d’installer un potager au sein de l’école) et les parents des élèves, parfois, changent leurs habitudes courses et vont au marché. Pour le reste, l’avenir de L’école comestible sera ce que les personnes impliquées pour mieux manger en feront, et les ateliers dispensés en classe étant gratuits pour les écoles, un don ici planterait déjà quelques graines. 

Jean Verdier, passeur au sein de l’Équipe de France du Bio.

La performance n’a d’importance que si elle collective. Voilà, en substance, le mantra de Jean Verdier, infatigable promoteur de la bio depuis des décennies, tant comme agriculteur qu’acteur de premier plan des fédérations professionnelles de transformateurs..

Fils d’agriculteurs conventionnels, Jean Verdier n’a pas prolongé l’héritage de l’exploitation tout de suite. Il a préféré s’ouvrir de nouveaux horizons possibles pendant ses études, mais l’écologie et l’agriculture se sont rappelées à lui : « en prépa, j’ai assisté à une conférence de René Dumont qui m’a sensibilisé à la faim dans le monde et cela a orienté mes études d’ingénieur, avec une thèse sur les pesticides et leurs métabolites. Alors, je pestais car on parlait trop souvent des fongicides, que l’on savait pourtant cancérigènes, comme « non dangereux » et je me suis dit que je voulais œuvrer à faire différemment ».  

Après des débuts chez Vitagermine, comme directeur des titres, il est rattrapé par le virus entrepreunarial « un agriculteur est un entrepreneur » aime-t-il rappeler en 1984 et se lance dans le bio en Aquitaine. Il créé Naturgie et reprend Favols en se lançant dans les confitures bio sans sucre 100% fruits. Le fait que le bio soit alors embryonnaire ne l’impressionne pas, et rapidement, il rencontre non pas des clients, mais des consommateurs : « le « faire avec » commence avec eux, nous partagions des expériences nutritionnelles, nous échangions sur leurs besoins. Nos vies quotidiennes modernes ont besoin de transformation alimentaire, car tout le monde n’a pas des fruits frais au réveil, mais cela n’exclut pas d’utiliser des produits bio, sains et haut de gamme gustativement ». Et c’est en échangeant avec celles et ceux qui mangent ces productions qu’il innove en passant à l’épicerie fine avec des chutney et autres variations vers l’aigre doux et le sucré salé qu’il commercialise dans les magasins spécialisés bio. Quid de la grande distribution ? « Je suis sceptique. Ils ont opportunément pris le pli de la bio à une époque et cela a d’ailleurs fait leur croissance, mais dès qu’il y a un coup de Trafalgar, ils n’insistent pas trop pour défendre… Mais ça n’est pas grave : je vois là d’où on vient et 5/6% de la consommation globale, c’est un premier jalon et on sait où l’on va ».   

 

Et ce chemin, il ne le fait pas seul. Ni comme agriculteur, ni comme militant professionnel, lui qui a présidé pendant 15 ans le SYNABIO : «j’aime le jeu collectif ! Un entrepreneur anime des équipes et il me semblait naturel d’en faire de même dans des organisations professionnelles qui pèsent peu face au reste des producteurs. Cette modestie de la taille nous pousse à l’union, y compris dans des secteurs très différents, et c’est tant mieux ».  

 

 

Pour boucler la boucle collective, Jean Verdier vient d’accepté de présider le conseil de surveillance de Solidarmonde, entreprise pionnière du commerce équitable avec les pays du Sud : « pour toutes les denrées qui ne poussent pas chez nous, dites « exotiques », il y a une vraie nécessité à faire progresser les producteurs locaux en leur offrant une juste rémunération et à importer ces valeurslà en Europe. Notamment la contractualisation pluri-annuelle, essentielle pour notre souveraineté alimentaire ! ». Le bientôt septuagénaire a conservé une énergie de gascon grâce à son allant pour le collectif et usant de son expérience qu’il distille volontiers «quand j’ai commencé ma carrière, on avait une inflation à 13% et les prix bloqués, alors la période actuelle ne m’effraye pas ! Je veux transmettre mon expérience et mes conseils à tous les jeunes qui veulent s’installer tant dans la production que de la transformation de la bio tout en restant dans l’action opérationnelle ». Continuer à distiller des passes décisives bio, en somme.  

Boris Tavernier casse les barrières

Avec son association VRAC ( Vers un Réseau d’Achat en Commun) Boris Tavernier amène l’agriculture biologique en banlieue. Au programme : concassage d’idées reçues, concours de cuisine et achats groupés pour mettre le bio à la portée des bourses les plus modestes. Et ce n’est que le début !

Dix ans déjà ! C’est en 2013 que Boris Tavernier monte à Lyon l’association VRAC, avec la Fondation Abbé Pierre et un bailleur social, soucieux de développer le « reste à vivre » de ses locataires. Aujourd’hui, l’association est présente sur 18 territoires, en France et en Belgique, et le réseau continue de s’étendre.  

Le principe, lui, est toujours le même : défendre l’accès à une alimentation durable et de qualité pour tous, en bio le plus souvent, et en circuit court. En allant au pied des immeubles des banlieues, et toujours en visant le maximum de monde possible.  « On dit que le bio est trop cher ? Moi je dis que les minima sociaux sont trop bas », clame Boris Tavernier. Et sans attendre que la pauvreté recule enfin, il agit.  « Le problème de l’accès au bio est double, analyse-t-il. Il y a le pouvoir d’achat, c’est vrai ; mais pour les habitants des banlieues, il y a aussi un problème d’offre. Dans beaucoup d’endroits, on ne trouve tout simplement pas de bio ! Alors nous, on y va. » 

 

Tout commence en général par des dégustations en pied d’immeubles – des produits bio, à 95 %. On goûte, on discute, on casse des barrières psychologiques. L’idée que le bio serait « pour les riches », notamment. Avec VRAC, le bio est proposé au prix d’achat des produits ; des dons et subventions permettent par ailleurs de payer les salariés de l’association – laquelle fonctionne aussi grâce à l’engagement de 800 bénévoles« Une fois les barrières franchies, nous montons un groupement d’achats, poursuit Boris Tavernier. Les gens passent commande selon leurs préférences et nous livrons dans les centres sociaux, en créant des épiceries éphémères avec les habitants. L’adhésion est à 1€, et tout le monde vient avec ses emballages et ses bouteilles… » Tout l’inverse de l’aide alimentaire, où l’on ne choisit pas le contenu du panier, avec parfois des événements exceptionnels. « Nous organisons aussi des concours de cuisine. Des chefs reconnus viennent goûter la cuisine des habitants – et la créativité est à l’honneur, notamment pour cuisiner végétarien : pour faire un poulet yassa sans poulet, il faut inventer ! »  

 

Jour après jour, les associations locales de VRAC contribuent à créer du lien, en cherchant les circuits les plus courts pour rapprocher les paysans et les consommateurs. Et elles rapprochent aussi les habitants entre eux, en développant des cuisines collectives. « La pauvreté est si forte, parfois, que l’accès aux produits n’est pas suffisant : le coût de l’énergie peut être prohibitif, explique Boris Tavernier. Cuisiner en commun, c’est à la fois réduire les coûts, et créer des rencontres. »  

 

Cette vision systémique, VRAC la déploie aujourd’hui au sein du « collectif pour une sécurité sociale de l’alimentation , qui milite pour la mise en place d’une carte universelle de sécurité alimentaire, alimentée de 150€ chaque mois, pour l’achat de produits de qualité, à la manière de la carte de sécurité sociale. « Une somme versée sans conditions de revenus», insiste Boris Tavernier. Car une politique pour les pauvres, c’est une pauvre politique ». Du bio pour tous, pour faire de la nourriture un outil de rapprochement universel ! 

Philippe Henry, le Benjamin Button bio

Le temps n’a pas de prise sur l’agriculteur du Grand Est qui a converti sa ferme en bio en 1997. Développer des activités nouvelles pour augmenter encore la circularité de sa production enchante ce thuriféraire de la cohérence environnementale.  

 « Je n’ai jamais eu l’âge de mon état civil ». Ce mot d’Aragon correspond parfaitement à Philippe Henry, à l’enthousiasme juvénile pour la bio : « Être agriculteur et militant de la bio en même temps, c’est exactement la même chose que les jeunes d’aujourd’hui qui veulent donner du sens à leur travail. Si on veut que ce que l’on fait au quotidien aujourd’hui continue à avoir du sens demain, il faut s’impliquer. Je le fais pour le collectif, bien sûr mais aussi à titre personnel, car j’y fais tant de belles rencontres que je ne veux pas arrêter ! » 

 

Quand il reprend la ferme de ses parents à quelques dizaines de kilomètres de Nancy, en 1997, il la convertit d’emblée en bio. Non par idéologie, mais par goût de l’innovation technique « les recherches alors en vogue dans le bio étaient très enthousiasmantes et ouvraient des perspectives que j’ai voulu suivre ». Il se lance donc avec une activité de viande bovine, de céréales, suivie dix ans plus tard par des pommes de terre. Inquiet pour les débouchés de ses produits, il prend la présidence de Probiolor, jeune coopérative locale fondée par une quinzaine d’agriculteurs et qu’il va développer pendant dix ans. Une expérience qui lui a laissé le goût du collectif : «j’ai découvert la puissance du travail d’équipe. Tout seul, on fait plein de choses, ensemble on les fait beaucoup mieux ! Et à cette époque, le bio balbutiant se transformait : nous sortions du cercle des seuls militants. Quand Carrefour est arrivé et a proposé sa boule bio, les débats étaient animés pour savoir que faire. Nous venions de convertir des artisans boulangers au bio, les interrogations sur la subsistance de notre modèle étaient fortes. Au final, le bouche à oreille a fonctionné et dans les années 2010, ça a vraiment décollé ».  

 

Si le vent a été porteur pour le bio en général, il le fut moins pour l’élevage de viande, ce qui lui paraît très sain. «C’est une question importante, mais très récente. La viande bio était préservée de la baisse de consommation, grâce au bien-être animal qui nous amenait des consommateurs engagés. Avec le Covid et l’inflation, nous sommes face à une baisse générale et durable, mais nous l’attendons sereinement : en 2010, je me suis associé avec un agriculteur du village voisin. On a des poules pondeuses et bon an mal an, nous passons les conjonctures défavorables avec davantage de résilience ». Et pour cause, ses bœufs comme ses poules mangent leurs céréales, formant une boucle locale aussi cruciale qu’essentielle à ses yeux : « la bio, c’est l’autonomie et donc l’assurance amont et aval à proximité de son exploitation. On ne peut pas aller chercher des fientes de volaille aux Pays-Bas pour nourrir la France, ça n’a pas de sens… Et quand je parle d’autonomie, ça signifie réfléchir à la distribution et au gâchis avant d’être obsédés par le rendement ».  

 

Cette recherche de cohérence irrigue sa réflexion, lui qui trouve que le bio est trop remisé au second plan des politiques publiques alors qu’elle embrasse toutes les luttes environnementales simultanément : «la transition agricole ne peut se résumer à des crédits carbone pour le stocker si on ne regarde pas en même temps les émissions produites et les doses d’azote qui annulent tous les gains. J’aimerai qu’on est cette cohérence à l’esprit, cette approche globale quand on pense modèle agricole ». De là à éprouver une forme de lassitude à ne pas être assez entendu ? Au contraire, il se diversifie toujours plus en plantant 8 hectares de noyers «les oliviers du nord » et conserve l’assurance indéfectible, qu’après un léger tassement, le bio va repartir de plus belle.  

 

Isabelle Bretegnier, nos enfants la remercieront.

Pour la nourriture des enfants, elle a tout quitté. Parente d’élèves militante, elle s’est formée à la nutrition puis pris la Présidence de Nourrir L’Avenir, qui accompagne les acteurs de la restauration collective partout en France pour que leurs cantines passent au 100% bio, 100% fait-maison, et le plus local possible. 

Il y a un peu plus de 10 ans, la vie d’Isabelle Bretegnier, alors laborantine, bascule face à la piètre qualité de la restauration collective proposée à ses enfants. Elle co-fonde avec d’autres parents le collectif «Pas d’usine, on cuisine !», et elle entreprend en parallèle une reconversion professionnelle pour être diététicienne nutritionniste, spécialisée en alimentation bio. « Le CNED permettait de la faire à son rythme, je l’ai fait en 3 ans pour prendre le temps de vraiment faire la bascule de changement de vie et m’y dédier pleinement ».  

 

Et dans la vie d’Isabelle, il y a beaucoup de rencontres, de parents, de producteurs, d’élus, de formateurs Tout un écosystème animé par l’envie de mieux faire manger les enfants. Devenue formatrice, Isabelle s’entoure de compagnons de lutte pour former en 2020 la SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) Nourrir l’Avenir qui prend véritablement son envol : «Nous comptons environ 200 adhérents au sein de l’association le Collectif les Pieds dans le Plat, et une quarantaine de formateurs déjà actifs et 10 autres vont nous rejoindre. On sent que ça explose en termes de demandes. Nos parrain et marraine,  Olivier Roellinger et Brigitte Mercier Fichaux y sont pour beaucoup en mettant en avant une cuisine climato compatible, délicieuse, et parfaite pour la santé».  

 

Au quotidien, ils forment donc des agents de cuisine collective aux rudiments d’une cuisine anti-gaspi, empreinte des six piliers de l’agriculture biologique, et même au-delà puisqu’ils travaillent avec des races anciennes et des semences paysannes. « Les six piliers, c’est une évidence. Des Même pour le moins mais mieux de viande : mes amis de Dordogne, quand ils mettent un cochon au four, c’est la bête entière et tout est mangé sans exception ! ». La Dordogne est d’ailleurs en train de passer sous la houlette de son président Germinal Peiro, au 100% bio et fait maison pour ses 35 collèges, et cela s’étend aux communes. 

 

Évangélisant dans tout l’hexagone avec ses collègues, Isabelle est basée à Romainville (93), en Ile de France où l’histoire bio est en train de se faire selon elle : «nous commençons ce qui paraissait impossible dans une école primaire à Romainville, et dans un établissement public d’état, le Lycée Internat d’Excellence Jean Zay dans le 16è à Paris. A chaque fois, des rencontres, professeurs et chefs d’établissements impliqués, et tout suit. La seule réserve des décideurs porte sur les coûts, mais nous leur montrons qu’en changeant nos recettes, on tient sans mal : à Romainville nous sommes passés de 7,35 euros par repas à 6,38 en maîtrisant le coût matière et en jouant par exemple sur les grammages réduits en protéines animales. Chez nous, une bolognaise peut comporter 20g de bœuf par enfant et être complétée avec des protéines végétales, et c’est succulent !».  

Dès les premières semaines de fonctionnement de l’école de Romainville le gaspillage par enfant est passé de 95/120grammes à 35/45 grammes. 

 

La formation en diététique et en cuisine, l’accompagnement pour les achats et la maîtrise chiffrée du plan alimentaire 100% bio et fait maison prend une grande place dans l’essor de Nourrir l’Avenir. Le logiciel « À table » porté par le département de la Dordogne et le Collectif les Pieds dans le Plat, simule les besoins totaux des établissements pour trouver la bonne quantité de produits bio en circuits courts auprès des producteurs. Ces derniers apprécient évidemment une démarche qui leur redonne de la visibilité au point qu’un certain nombre d’entre eux sont prêt à changer leur mode de production et passer au 100% bio pour répondre aux besoins de la restauration collective saine et durable. En regardant en arrière, Isabelle doit penser à la maxime de Mark Twain, « des innocents ignoraient que la chose était impossible, alors ils l’ont fait » et se dire que cela ressemble bigrement à ce qu’elle fait chaque jour.